1. Insouciance politique

Pour une formation bolchévik

Staline

1. Insouciance politique

   Comment expliquer que nos dirigeants, qui ont une riche expérience de la lutte contre les courants hostiles au Parti et antisoviétiques de tout genre, se soient montrés en l’occurrence si naïfs et si aveugles qu’ils n’ont pas su discerner le vrai visage des ennemis du peuple, qu’ils n’ont pas su reconnaître les loups déguisés en moutons, qu’ils n’ont pas su leur arracher le masque ?

   Peut-on affirmer que l’action de sabotage, d’espionnage et de diversion des agents des Etats étrangers oeuvrant sur le territoire de l’U.R.S.S., puisse être pour nous quelque chose d’inattendu, qui ne s’est jamais vu ? Non, on ne saurait l’affirmer.

   Témoins les actes de sabotage commis dans les diverses branches de l’économie nationale au cours des dix dernières années, depuis l’époque de l’affaire de Chakhti, et qui « ont enregistrés dans des documents officiels.

   Peut-on affirmer que ces derniers temps aucun signal ne nous ait mis en garde, ni averti au sujet de l’activité de sabotage, d’espionnage ou de terrorisme des agents trotskistes-zinoviévistes du fascisme ? Non, on ne saurait l’affirmer.

   Il y a eu de ces signaux et les bolcheviks n’ont pas le droit de les oublier. L’assassinat scélérat de Kirov fut le premier avertissement sérieux attestant que les ennemis du peuple allaient jouer double jeu et que, ce faisant, ils se camoufleraient en bolcheviks, en membres du Parti pour gagner la confiance et s’ouvrir l’accès de nos organisations.

   Le procès du « Centre de Léningrad », de même que le procès « Zinoviev-Kaménev » ont donné un nouveau fondement aux leçons qui découlaient de l’assassinat scélérat de Kirov. Le procès du « Bloc zinoviéviste-trotskiste » a amplifié les enseignements des procès antérieurs et montré, en toute évidence, que les zinoviévistes et les trotskistes groupent autour d’eux tous les éléments bourgeois hostiles, qu’ils sont devenus une agence d’espionnage, de diversion et de terreur de la Gestapo allemande, que le double jeu et le camouflage sont pour les zinoviévistes et les trotskistes l’unique moyen de pénétrer dans nos organisations, que la vigilance et la perspicacité politique constituent le moyen le plus sûr pour empêcher cette pénétration, pour liquider la bande zinoviéviste-trotskiste.

   Dans sa lettre confidentielle du 18 janvier 1935, relative à l’assassinat scélérat de Kirov, le Comité central du Parti communiste de l’U.R.S.S. mettait résolument les organisations du Parti en garde contre la bénignité politique et la badauderie philistine.

   Voici ce que dit cette lettre confidentielle :

   Il faut en finir avec la bénignité opportuniste qui part de cette supposition erronée qu’à mesure que nos forces croissent, l’ennemi deviendrait plus apprivoisé et inoffensif.

   Cette supposition est foncièrement erronée. Elle est un relent de la déviation de droite, assurant à tous et a chacun que les ennemis s’intégreront tout doucement dans le socialisme, qu’ils deviendront en définitive de véritables socialistes.

   Il n’appartient pas aux bolcheviks de se reposer sur leurs lauriers et de bayer aux corneilles. Ce qu’il nous faut, ce n’est pas la bénignité, mais la vigilance, la véritable vigilance révolutionnaire bolchevik.

   Il ne faut pas oublier que plus la situation des ennemis sera désespérée et plus volontiers ils se raccrocheront aux moyens extrêmes, comme unique recours de gens voués à leur perte dans leur lutte contre le pouvoir soviétique. Il faut s’en souvenir et être vigilant.

   Dans sa lettre confidentielle du 29 juillet 1936, sur l’activité terroriste et d’espionnage du Bloc trotskiste-zinoviéviste, le Comité central du Parti communiste de l’U.R.S.S. appelait de nouveau les organisations du Parti à déployer le maximum de vigilance, à savoir reconnaître les ennemis du peuple, si habilement masqués fussent-ils.

   Voici ce que dit la lettre confidentielle :

   Maintenant que la preuve a été faite que, dans la lutte contre le pouvoir des Soviets, les monstres trotskistes-zinoviévistes groupent tous les ennemis jurés, les ennemis les plus haineux des travailleurs de notre pays, – espions, provocateurs, fauteurs de diversion, gardes blancs, koulaks, etc., et qu’entre ces éléments, d’une part, et les trotskistes et les zinoviévistes de l’autre, toutes les démarcations se sont effacées, – toutes nos organisations du Parti, tous les membres du Parti doivent comprendre que la vigilance des communistes est indispensable sur tous les secteurs et dans toutes les conditions. La qualité indispensable à tout bolchevik, dans les conditions présentes, doit être la capacité de reconnaître l’ennemi du Parti, si bien masqué qu’il soit.

   Ainsi donc, il y a eu signaux et avertissements.

   A quoi appelaient ces signaux et avertissements ?

   Ils appelaient à liquider la faiblesse du travail d’organisation dans le Parti à faire du Parti une forteresse inexpugnable où pas un homme à double face ne pût pénétrer.

   Ils appelaient à en finir avec la sous-estimation du travail politique du Parti et à opérer un tournant décisif, destiné à renforcer la vigilance politique.

   Eh bien ? Les faits ont montré que, pour entendre ces avertissements et signaux, nos camarades avaient l’oreille plus que dure.

   C’est ce qu’attestent avec éloquence les faits connus de tous, empruntés à la campagne pour la vérification et l’échange des cartes du Parti.

   Comment expliquer que ces avertissements et signaux n’aient pas eu l’effet voulu ?

   Comment expliquer que nos camarades du Parti, malgré leur expérience de la lutte contre les éléments antisoviétiques, malgré toute une série de signaux et de mises en garde, se soient montrés politiquement des myopes, en présence de l’action de sabotage, d’espionnage et de diversion des ennemis du peuple ?

   Peut-être, nos camarades du Parti ont-ils perdu les qualités qu’ils avaient autrefois, sont-ils devenus moins conscients et moins disciplinés ? Non, certes non.

   Peut-être, sont-ils en voie de dégénérescence ? Non plus ! Une telle supposition est dénuée de tout fondement.

   Mais alors ? D’où viennent cette badauderie, cette insouciance, cette bénignité, cette cécité ?

   La vérité est que nos camarades du Parti, emportés par les campagnes économiques et les succès prodigieux remportés sur le front de l’édification économique, ont simplement oublié certains faits très importants que les bolcheviks n’ont pas le droit d’oublier.

   Ils ont oublié un fait essentiel touchant la situation internationale de l’U.R.S.S., et ils n’ont pas remarqué deux faits très importants qui sont en rapport direct avec les actuels saboteurs, espions, agents de diversion et assassins, lesquels s’abritent derrière la carte du Parti et se déguisent en bolcheviks.

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