Le débat public en cours

Les dirigeants du P.C.U.S – Les plus grands scissionnistes de notre temps

Parti Communiste de Chine

Le débat public en cours

   Marxisme-­léninisme ou révisionnisme, internationalisme prolétarien ou chauvinisme de grande puissance, unité ou scission, tel est le fond du grand débat qui se poursuit actuellement au sein du mouvement communiste international.

   Cette controverse, qui touche aux principes fondamentaux, a surgi dès après le XXe Congrès du P.C.U.S., et pendant une période assez longue, elle s’est poursuivie dans les entretiens entre partis frères, pour devenir publique il y a un peu plus de deux ans.

   Chacun sait que ce débat public a été déclenché par les dirigeants du P.C.U.S. et ce sont eux qui s’obstinent à le poursuivre.

   A leur XXIIe Congrès, en octobre 1961, ils attaquèrent publiquement le Parti du Travail d’Albanie.

   Le camarade Chou En­laï, chef de la délégation du P.C.C., s’opposa, dans son allocution au Congrès, à la manière d’agir des dirigeants du P.C.U.S. et fit remarquer qu’il ne s’agissait pas là d’une attitude marxiste-­léniniste sérieuse.

   Que répondirent les dirigeants du P.C.U.S. ?

   Ils prétendirent qu’ils avaient « vu juste » (Discours de clôture de N.S. Khrouchtchev prononcé en octobre 1961 au XXIIe Congrès du P.C.U.S.) en ouvrant le débat public, que c’était « l’unique position de principe, juste et véritablement marxiste­-léniniste » (Le Drapeau de notre époque, par la Rédaction de la Pravda, 21 février 1962).

   Puis, en janvier 1962, le Parti des Travailleurs du Vietnam proposa que « fin soit mise aux attaques mutuelles entre les Partis à la radio et dans la presse », et le P.C.C., le Parti du Travail d’Albanie et d’autres partis frères soutinrent cette proposition.

   Cependant, les dirigeants du P.C.U.S. refusèrent en fait de prendre un engagement définitif quant à l’arrêt de la polémique ouverte.

   Et loin de cesser leurs attaques publiques contre le Parti du Travail d’Albanie, ils organisèrent l’attaque ouverte contre le P.C.C. à cinq congrès de partis frères d’Europe, fin 1962 et début 1963, provoquant ainsi une polémique ouverte d’une ampleur bien plus grande.

   C’est ce qui nous obligea à répliquer publiquement aux attaquants.

   Alors que nous n’avions pas encore répondu à toutes les attaques des partis frères, le Comité central du P.C.C. déclara en mars 1963, dans sa lettre­-réponse au Comité central du P.C.U.S., que dans le but de créer une atmosphère favorable aux entretiens prévus entre les Partis chinois et soviétique, il cesserait provisoirement, à partir du 9 mars 1963, de répondre publiquement par la voie de la presse, tout en se réservant le droit de le faire.

   Cependant, à la veille des entretiens entre les deux Partis, les dirigeants du P.C.U.S. en vinrent à attaquer publiquement et nommément le P.C.C., par la publication de déclarations et l’adoption de résolutions.

   Le 14 juillet, alors que se déroulaient à Moscou les entretiens entre les délégations des Partis chinois et soviétique, le Comité central du P.C.U.S. fit paraître une lettre ouverte aux organisations du Parti et à tous les communistes de l’Union soviétique, lettre qui, par la déformation des faits, la confusion du vrai et du faux, le recours à la démagogie et aux insultes de toutes sortes, s’en prenait outrageusement au P.C.C. et au camarade Mao Tsétoung.

   Les dirigeants du P.C.U.S. relançaient ainsi le débat public et lui donnait une envergure sans précédent.

   A partir du 15 juillet 1963, les dirigeants du P.C.U.S. se mirent à calomnier et à attaquer la Chine comme s’il s’agissait de leur ennemi N° 1, par tous les moyens à leur disposition, depuis les déclarations gouvernementales jusqu’aux articles de presse, en passant par des discours de dirigeants et des meetings; ils mirent toute leur machine de propagande en action, presse nationale et presse locale, stations de radio et de télévision.

   Du 15 juillet à fin octobre, les 26 journaux et périodiques à circulation nationale de l’Union soviétique publièrent en tout 1.119 articles de leurs rédactions, éditoriaux, commentaires, articles signés, lettres de lecteurs, caricatures, etc., attaquant nommément le P.C.C. et ses dirigeants, les camarades Mao Tsé­toung, Liou Chao­chi, Chou En­laï et d’autres.

   Quant à la presse locale soviétique, selon des chiffres incomplets portant sur les 15 organes des républiques fédérées, publia 728 articles, etc., attaquant la Chine pendant la période.

   Nous avons publié tous les matériaux d’une certaine importance de la propagande anti-chinoise, et notamment, à deux reprises et dans son intégrité, la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. qui a en outre été radiodiffusée dans puis d’une dizaine de langues étrangères au cours de nos émissions destinées à l’étranger, afin de porter le point de vue des dirigeants du P.C.U.S. à la connaissance de ceux qui s’intéressent au débat public.

   Nous n’avons pas publié tous les articles anti-chinois de l’Union soviétique, tout simplement parce qu’ils sont tellement nombreux et dans la plupart des cas copient l’un l’autre, et parce que notre presse dispose d’une place limitée. Nos maisons d’édition ont rassemblé tous ces articles et les sortiront au fur et à mesure sous forme de livres.

   Le côté soviétique a déjà publié contre la Chine près de 2.000 articles et autres. Selon le principe de l’égalité entre partis frères, le côté chinois est en droit de donner un nombre de réponses approprié.

   Étant donné que la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. touche à un assez grand nombre de questions, à une série de principes fondamentaux du marxisme-­léninisme et à de nombreux événements importants survenus ces sept ou huit dernières années dans le mouvement communiste international, les rédactions du Renmin Ribao et du Hongqi ont commencé à publier, suite à une étude sérieuse, une série de commentaires, à partir du 6 septembre 1963.

   Nous n’avons publié à ce jour, compte tenu du présent article, que 7 commentaires sur la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S.

   Nous n’avons pas fini de la commenter, et nous n’avons pas encore répondu au grand nombre d’articles anti-chinois de la presse nationale et locale de l’Union soviétique.

   Répondant à des journalistes le 25 octobre 1963, Khrouchtchev préconisa la fin du débat public. Cependant, la presse soviétique n’en poursuivit pas moins ses attaques contre la Chine.

   Tout récemment, les dirigeants du P.C.U.S. ont proposé une nouvelle fois de mettre fin au débat public et déclaré qu’il « a porté un grave préjudice au mouvement communiste ». Nous demandons aux dirigeants du P.C.U.S. : Vous avez pourtant affirmé que le débat public était « dans l’intérêt de l’ensemble du mouvement communiste international » (Vers de nouvelles victoires du communisme, par la Rédaction du Kommunist, N° 16, 1961), et qu’il répondait , à la « seule position de principe, juste et véritablement marxiste-léniniste » (Le Drapeau de notre époque, par la Rédaction de la Pravda, 21 février 1962).

   Vous dites tantôt ceci, tantôt cela, que manigancez­-vous en définitive ?

   Nous disons encore aux dirigeants du P.C.U.S.: Nous demander de renoncer à répondre alors que nous n’avons même pas publié dix articles en réponse à vos deux mille articles et autres matériaux anti-chinois ni même fini de répondre à la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S., cela correspond-­il au principe de l’égalité entre partis frères?

   Vous qui avez tant parlé et si longtemps, vous vous impatientez, vous vous sentez déjà à bout et refusez de nous écouter, alors que nous commençons seulement de parler; cela correspondrait­il aux principes de la discussion démocratique?

   Nous demandons encore aux dirigeants du P.C.U.S.: Dans la Déclaration du Gouvernement soviétique du 21 septembre 1963, vous avez dit que si les Chinois poursuivent le débat, « ils doivent se rendre bien compte que dans cette voie, ils se heurteront à la riposte la plus résolue de la part du P.C.U.S. et du peuple soviétique tout entier ».

   Cette hâblerie des dirigeants du P.C.U.S., est­-elle autre chose qu’intimidation et menace flagrantes?

   Croyez-­vous vraiment qu’il vous suffit de donner des ordres pour qu’on vous obéisse docilement, et de crier, pour que l’on tremble ?

   A vrai dire, depuis le 21 septembre, nous attendons avec curiosité de voir en quoi consisterait « la riposte la plus résolue ».

   Camarades et amis, vous vous trompez sur toute la ligne.

   Puisque le débat public est engagé, il faut le mener selon les règles.

   Si vous estimez avoir assez parlé, laissez donc votre interlocuteur vous répondre.

   Si vous estimez avoir encore beaucoup à dire, alors dites-­le, s’il vous plaît.

   Mais lorsque vous l’aurez fait, laissez votre interlocuteur dire ce qu’il a à dire. En un mot, à chacun sa chance.

   N’avez­-vous pas affirmé que les partis frères sont égaux entre eux?

   Dans ces conditions, pourquoi pourriez­-vous provoquer un débat public quand l’envie vous prend d’attaquer des partis frères, et pourquoi pourriez­-vous priver les partis frères attaqués de leur droit de répondre publiquement quand l’envie vous prend de cesser le débat?

   Les dirigeants du P.C.U.S. ont sans aucun scrupule provoqué le débat public, ils l’ont élargi et se sont obstinés à le mener.

   Puis, ils se mettent maintenant à en demander la fin à grands cris.

   Qu’est­-ce que cela cache?

   Les événements, semble-­t­-il, ont évolué contrairement à l’attente de ceux qui ont provoqué le débat public.

   Les dirigeants du P.C.U.S. ont d’abord cru qu’il serait à leur avantage, mais il évolue dans un sens qui va à rencontre de leurs désirs.

   La vérité n’est pas de leur côté, et c’est pour cela que dans leurs attaques, ils ne peuvent compter que sur le mensonge, la calomnie, la déformation des faits et la confusion du vrai et du faux.

   Mais quand la discussion se développe, qu’il s’agit d’avancer des faits et de raisonner, ils sentent la terre se dérober sous leurs pas et ils prennent peur.

   Lénine a dit que, pour les révisionnistes, « il n’est rien de plus désagréable, de plus indésirable, de plus inacceptable que de porter au grand jour les principaux points de désaccord concernant la théorie, le programme, la tactique et l’organisation » (Lénine : Encore un mot sur le Bureau socialiste international et les liquidateurs).

   C’est exactement la situation dans laquelle se trouve actuellement les dirigeants du P.C.U.S.

   La position du P.C.C. à l’égard du débat public est connue de tous. Dès le début, nous avons estimé que les divergences entre partis frères doivent être réglées par voie de consultations intérieures.

   Le débat public n’a été ni provoqué ni voulu par nous.

   Mais puisqu’il est ouvert, et que les dirigeants du P.C.U.S. ont déclaré que le mener, c’est « agir selon le style de Lénine » (Congrès historique du Parti léniniste, éditorial de la Pravda, 4 novembre 1961), il doit donc se dérouler sur la base de la discussion en toute démocratie, par des apports de faits et une argumentation sensée, jusqu’à ce que toute la vérité soit établie au grand jour.

   Ce qui est plus important encore, c’est que les dirigeants du P.C.U.S. ayant trahi ouvertement le marxisme-­léninisme et l’internationalisme prolétarien, et déchiré publiquement les Déclarations de 1957 et de 1960, ils ne peuvent s’attendre à ce que nous nous abstenions de défendre le marxisme-­léninisme et l’internationalisme prolétarien, les principes révolutionnaires des deux Déclarations.

   Puisque le débat concerne les questions de principe du mouvement communiste international, celles-­ci doivent donc être complètement éclaircies.

   C’est là aussi une attitude marxiste-­léniniste sérieuse.

   Le fond du problème tient dans ce que les divergences actuelles au sein du mouvement communiste international sont celles existant entre marxisme­-léninisme et révisionnisme, entre internationalisme prolétarien et chauvinisme de grande puissance.

   Mettre fin au débat public ne peut apporter de solution radicale à des divergences de principe d’une telle importance.

   Au contraire, c’est seulement par lui, par la production des faits, par le raisonnement, qu’il sera possible de clarifier les choses, de distinguer entre le vrai et le faux, de sauvegarder et de renforcer l’unité du mouvement communiste international sur la base du marxisme-­léninisme et de l’internationalisme prolétarien.

   Le marxisme­-léninisme est une science, et la science ne craint pas le débat, seul le craint ce qui n’est pas de la science.

   Le grand débat qui se déroule actuellement au sein du mouvement communiste international incite les communistes, les révolutionnaires, les masses révolutionnaires de tous les pays à réfléchir aux problèmes, à méditer sérieusement les questions de la révolution dans leur propre pays et de la révolution mondiale, conformément aux principes fondamentaux du marxisme­-léninisme.

   Par ce grand débat, les gens seront mieux à même de distinguer entre le vrai et le faux, entre véritable marxisme-­léninisme et faux marxisme-­léninisme.

   Par ce grand débat, les éléments révolutionnaires du monde entier seront mobilisés, tous les marxistes­-léninistes se tremperont idéologiquement et politiquement, et pourront mieux encore unir le marxisme-­léninisme à la pratique concrète de leur propre pays.

   Le marxisme-­léninisme en sera certainement enrichi, développé et sera porté à de nouveaux sommets.